Tribune JdG : Il faut protéger l’Obstacle et la Province au nom de l’avenir

Les leaders des deux listes nationales d’Alliance Galop aux élections de novembre, Nicolas de Lageneste (Propriétaires) et Jacques Cyprès (Éleveurs), ont fait paraître une tribune dans Jour de Galop sous le titre « Il faut protéger l’obstacle et la province au nom de l’avenir », ce mercredi 9 octobre :
 

L’obstacle et la province sont menacés. Voici pourquoi…

Aujourd’hui, chacun s’accorde à penser et à dire que le sujet le plus important de l’institution, c’est le niveau des encouragements. C’est le moteur principal de l’économie de l’élevage et des courses et, sans des allocations d’un bon niveau, l’élevage ne peut fournir l’offre nécessaire à un commerce florissant.

Ces encouragements, via le budget de France Galop, sont alimentés à plus de 90 % par le résultat du pari mutuel, c’est-à-dire du PMU.

Ils dépendent donc des performances du PMU. Ce n’est ni une nouveauté, ni une surprise.

Or l’organisme collecteur insiste aujourd’hui avec l’appui du Trot sur le fait que l’obstacle ne réunit pas assez de partants (8,7 en moyenne par course l’an dernier, contre 10,4 en plat), que les parieurs s’y intéressent moins qu’aux autres disciplines, au même titre que les réunions provinciales, en particulier lorsqu’elles sont en obstacle ! Cela peut s’entendre et nous avons accepté des sacrifices pour que l’offre de courses réponde aux exigences du PMU et que le nombre de partants augmente. Nous avons aussi accepté que des réunions PMH disparaissent. Le tout avec une petite musique réclamant la fin de la répartition 2/3-1/3…

Il faut désormais que cela cesse.

Le retrait du programme d’obstacle semble en effet devenir une fatalité que France Galop ne cherche pas à combattre.

De son côté, le PMU ne tente rien pour accompagner l’obstacle, et le galop en général : aucune initiative sur ses réseaux, aucun jeu susceptible d’accommoder une tendance structurelle du galop de fournir moins de partants. Le PMU réclame, au nom du seul chiffre d’affaires, moins d’obstacle et moins de province, et ne cherche pas à soutenir cette activité et ce territoire.

L’invention du Super 4 pour ravir quelques parieurs archi-spécialisés et l’itinérance d’un camion PMU désuet ne font pas le compte. Les réunions premium de province éliminées du programme l’an dernier et la volonté de concentrer l’offre sur un petit nombre d’hippodromes montrent bien l’intention réelle de l’institution.

Face à cela, France Galop ne réussit qu’à limiter les effets de cette feuille de route, parce que la gestion des charges est devenue sa principale priorité. Or son rôle d’actionnaire est aussi de convaincre le PMU, et sa clientèle, de se remettre en question, de chercher à renouer avec la croissance.

Vingt-cinq ans après le fameux mot de Jean Farge, alors président honni du PMU, qui réclamait : « Donnez-moi des bonnes courses et je vous donnerai de bons enjeux », rien n’a changé !

En acceptant sur l’autel du gain à court terme le sacrifice de l’obstacle, dont l’élevage enregistre des résultats sur la scène internationale sans commune mesure avec ceux du plat (les Frenchbreds ont gagné 14 des 28 épreuves du Festival de Cheltenham, qui est l’équivalent de Royal Ascot), France Galop ne remplit pas son rôle.

S’il faut en finir avec les courses à peu de partants, quid des 8,5 partants en moyenne par course de Groupe et Listed de plat ? France Galop accepterait-elle qu’elles se déroulent en PMH au nom de la sacrosainte responsabilité financière ? Non, bien sûr, et c’est une évidence. Comme ce programme de prestige en plat, l’obstacle tout entier participe à la sélection d’une filière d’excellence française, et mérite dès lors autant de considération. Accessoirement, notre filière est animée à 96 % par des chevaux nés et entraînés en France !

Et la province ? Le réseau régional de nos hippodromes, qui a attiré 1,3 million de visites l’an dernier et propose quelques-unes des dates les plus populaires du circuit, doit aussi être respecté. Cette riche carte française des hippodromes devient d’autant plus stratégique qu’elle doit devenir le principal recruteur de l’hippisme de demain. Voilà pourquoi c’est une erreur de dépouiller la province de la promotion des paris nationaux.

Plus globalement, cette quête de partants à tout prix sans contrepartie n’est pas une solution. C’est un arrangement provisoire qui diminue la valeur de l’hippisme dans son ensemble. Nous, leaders des listes Alliance Galop, demandons à France Galop de reconsidérer cette position.

L’obstacle et les régions ne doivent pas être les seules variables d’ajustement d’une gestion de la décroissance. On nous rétorquera sans doute avec gravité qu’on ne discute pas les ordres sous le feu de l’ennemi. Mais qui gagnera la bataille, quand on aura sacrifié les plus braves soldats ?

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