Notre point de vue publié dans Paris Turf
Le journal Paris-Turf a décidé d’interroger les représentants des listes participant aux élections à France Galop sur différents thèmes. Les réponses aux premières thèmes abordés ont été publiées mais seulement en ligne sur le site payant de Paris-Turf et sans renouveler l’ordre de publication des réponses…
Nous avons donc décidé de publier les nôtres ici, pour que chacun connaisse notre point de vue…
- Quelle stratégie souhaitez-vous défendre au point de vue du partage des allocations ?
Nous nous sommes engagés il y a quatre ans sur des thèmes clairs, et nos convictions sont les mêmes parce qu’elles sont inspirées par le bon sens. Le maintien de la répartition des encouragements selon la proportion 2/3 Plat-1/3 Obstacle est la pierre angulaire de France Galop. Nous sommes toujours soucieux de faire respecter cette répartition vertueuse, même lorsque les enjeux ne correspondent pas.
Prendre seulement en compte le montant des enjeux pour fixer les allocations de chaque discipline, de chaque spécialité, de chaque région ou de chaque épreuve, tant qu’on y est, n’a aucun sens. C’est une démission complète car la mission de France Galop n’est pas de répartir comptablement les revenus selon leurs sources, mais d’encourager l’élevage et d’assurer la pérennité d’un écosystème.
Il faut donc d’abord fixer une stratégie, la mettre en œuvre. Quand cette stratégie fonctionne, il faut l’encourager, et non la pénaliser.
Globalement, la répartition des encouragements aujourd’hui remplit son rôle. Ce qui peut faire défaut, c’est le montant des encouragements, qui continue de baisser en euros constants depuis de nombreuses années. Nous le répétons : notre système de répartition volontariste est vertueux, il fonctionne parfaitement, pourvu que le niveau des encouragements soit suffisant. Le programme fait ce qu’il peut pour optimiser les enjeux, et les socioprofessionnels ont consenti des efforts importants dans ce sens. Il faut continuer, bien sûr, mais la charge de l’effort doit être partagée.
- Que comptez-vous faire pour créer des vocations de propriétaires et de turfistes ?
Il n’y a pas de recette magique, c’est une évidence, et quiconque dit le contraire n’a pas réfléchi sérieusement.
Or cette mission est une des raisons d’être de France Galop. Lorsqu’il est arrivé à la tête de France Galop, il y a près de vingt ans, Édouard de Rothschild a alloué un million d’euros au budget d’un Département Propriétaires. On peut débattre des résultats obtenus mais la motivation était bien là. Peu à peu, cette motivation s’est éteinte et aujourd’hui, le Département Propriétaires est une coquille vide.
Entretemps le taux de pénétration du pari hippique en France est passé de 13% en 1990 à 6% en 2020, selon le Baromètre du Galop. Selon la même source, le propriétariat a beaucoup évolué : moins de propriétaires uniques, plus d’associations, et pour finir moins de chevaux à l’entraînement. Le passage au régime général de la TVA a été un détonateur, et nous parvenons seulement à revenir vers des conditions plus favorables sur ce dossier, mais assurément, même avec des allocations sans pareilles en Europe, et avec quelques grands noms qui ont investi, il nous manque encore quelque chose.
Notre conviction, c’est que ce qui nous manque est immatériel : c’est l’accueil et le service. Le sentiment pour les propriétaires d’appartenir à quelque chose de plus grand, à une véritable communauté. C’est dans cette direction que, sans entrer dans les détails, nous souhaitons aller : plus de services aux membres de France Galop, sur le plan administratif comme sur le plan de l’accueil et des loisirs.
Pour ce qui concerne les parieurs, ils ont été très longtemps laissés pour compte et nous souhaitons que le PMU prenne ses responsabilités dans ce domaine, avec nos équipes pour ce qui concerne les hippodromes de France Galop. L’ouverture du marché en ligne a été mal négociée par les autorités hippiques et tourner le dos au pari sportif et au web a été un choix funeste car cette vue à très court terme nous prive d’une marge d’audience, et pas n’importe laquelle puisque c’est celle de demain. Nous y reviendrons pour répondre à votre prochaine question.
Et puis, il y a les Régions. Il n’y a qu’à aller en Régions pour comprendre que le véritable vivier du galop se trouve là, que les passions naissent dans l’allégresse des réunions de province, des grands rendez-vous comme Craon, Le Lion d’Angers, ou même les plus modestes de nos vitrines. Chaque région a ses particularités, ses compétences, et son organisation. Il faut leur donner les moyens de jouer leur partition dans les meilleures conditions, et il nous semble non seulement que les budgets parisiens seraient parfois mieux optimisés dans les Régions, sur le terrain, mais que nous pourrions aussi en tirer des leçons lorsque nous bâtissons une stratégie de promotion de nos sites, en particulier Auteuil, qui doit être une chance pour l’Obstacle.
- Êtes-vous pour ou contre une éventuelle privatisation du PMU ?
Pour quoi faire ? Comment peut-on imagine qu’en se séparant du PMU, il puisse mieux faire ? Et si oui, comment ? N’a-t-on pas assez vendu de nos actifs immobiliers pour simplement poursuivre notre activité sans se remettre en question ? On dit à la campagne qu’il ne faut pas vendre les bijoux de famille pour payer la bonne, et cela est empreint de bon sens. Revoyez « Le Diable par la queue ». En l’occurrence, notre institution n’en a pas fait usage, de bon sens, depuis les années 80. Nous avons vendu quatre sièges parisiens, deux hippodromes, et sommes-nous mieux lotis ? Non.
Le PMU a les moyens de fonctionner convenablement et sa fortune, qui est aussi celle des sociétés de course en France, ce n’est pas son logo ou le puissant génie de ses directeurs, ni une prétendue expertise : c’est simplement le monopole du pari mutuel sur les courses hippiques, dont nous gardons une grande partie. Le monopole sur le pari mutuel est une formidable planche à billets qui ne nécessite aucun génie pour opérer. Il faut juste s’assurer qu’elle est bien huilée, ce que le PMU fait très bien, et la faire fonctionner convenablement là où le public est susceptible de s’en servir, ce que le PMU fait de moins en moins bien, parce que le monde a changé, mais pas le PMU.
Le vendre en l’état, surtout après les funestes options commerciales qui ont prises récemment, cela n’a aucun sens.
L’État nous confie une mission de service public, qui nous permet à la fois de réguler notre activité et de nous garantir une formidable source de revenus. Depuis 2010, cette source de revenus est aussi partagée avec de nouveaux opérateurs, dont on peut d’ailleurs noter qu’ils n’ont pas fait preuve d’un grand génie dans l’exploitation des paris hippiques, peut-être parce que nous ne les avons pas beaucoup incités. Le statut commercial ne suffit pas toujours à stimuler l’intelligence… Ce qu’il nous appartient de faire aujourd’hui, c’est d’ouvrir le PMU à notre époque, de sortir des sentiers battus et rebattus depuis l’invention du tiercé, de proposer un nouveau cadre à notre activité, pour ne pas se laisser complètement distancer par l’époque, le public et la technologie. Il ne s’agit pas d’aller quémander un point de répartition, mais de « penser jeu », et nous pensons que les courses au galop françaises, c’est un jeu formidable susceptible d’intéresser le monde entier, mais aussi de nouvelles clientèles de parieurs.
Avec le PMU, bien sûr, mais pas derrière le PMU…